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La face sombre du Québec. Faut-il avoir peur ?

Montréal a vécu un mois d’août assez agité, avec notamment plusieurs crimes liés à ce qu’on appelle les gangs de rue :

  • Un homme de 42 ans est tué par balles dans sa voiture à Laval;
  • Deux hommes, respectivement de 32 et 37 ans, sont criblés de balles dans leur véhicule dans le parking des galeries d’Anjou. L’un d’eux est décédé.
  • Un homme de 33 ans est trouvé mort dans son logement à Côte des Neiges.

C’est ainsi que trois hommes ont été assassiné le même jour en trois endroits différents. Cette terrible journée qui a ensanglanté Montréal illustre l’ampleur prise par le phénomène des gangs de rue au Québec, et surtout à Montréal.

Doit-on en déduire que le Havre de paix que constituait le Québec est en train de céder face aux coups de boudoir de la violence issue des inégalités sociales, et que la forteresse  commence à fléchir sous l’effet d’un mal interne et insidieux : le phénomène des gangs de rue.

Qui sont les  gangs de rue?

L’expression «Gang de rue» désigne des groupes d’adolescents et de jeunes adultes partageant une identité commune et des comportements délictueux. Ce phénomène complexe et multidimensionnel n’est pas nouveau. Mais il a évolué et les gangs, aujourd’hui, s’adaptent mieux aux stratégies répressives qui les visent. Ils sont mieux organisés, leurs membres sont plus âgés et plus expérimentés et ils agissent sur un territoire de plus en plus vaste. Ils deviennent d’autant plus dangereux qu’ils s’allient avec les groupes traditionnels du crime organisé. Géographiquement, les gangs de rue se concentrent essentiellement dans l’agglomération montréalaise. Mais on les retrouve aussi dans la majorité des centres urbains de la ville de Québec.

Selon les statistiques du ministre de la Sécurité Publique(MSP) repris par Le journal de Montréal, en date du mercredi 22 août 2012, le nombre de crimes commis par les gangs de rue a augmenté de 69% en l’espace de 3 ans au Québec depuis 2009. Selon cette même source, «Voies de fait, menaces, vols qualifiés, vente de stupéfiants, possession d’armes à feu et non respect de l’administration de justice (non respect des probations, manquements aux conditions du tribunal, etc. constituent les crimes les plus souvent associés aux gangs de rue.

Statistiques des crimes depuis 2009

2009 : 737 crimes attribués aux gangs de rue

2010 : 1125 crime soit une augmentation de plus de 52%

2011 : 1247 crimes soit une augmentation de 11 % par rapport à 2010 et de 69% par rapport à 2009.

Les gangs les plus connus

Les Rouges et les bleus : depuis les années 90, une bonne partie des gangs de rue de Montréal se sont regroupés en deux grandes familles rivales, inspirées des modèles des Crips(Bleus) et des Bloods(Rouges) de Los Angeles, rendus célèbre par le cinéma américain. Les membres portent foulards et vêtements aux couleurs de leur gang.

Les original gangsters(OG) : Ils n’ont rien à voir ni avec les Rouges ni avec les Bleus. Ce sont les vétérans des gangs et évoluent dans les plus hautes sphères du crime organisé.

Les Bo-gars : C’est un gang lié à la famille des Rouges. Ils sont établis principalement à Montréal-Nord et Rivières des Prairies. Ils font aussi des affaires en Ontario, notamment dans les bars de danseuses des environs de Niagara Falls.

 Les stratégies préventives et répressives

Le gouvernement du Québec continue de maintenir sa pression préventive et répressive  sur les gangs de rue en reconduisant, au moins jusqu’en 2014, ses escouades régionales spéciales de policiers. De plus, le ministère de la Sécurité Publique continue d’appliquer son «Plan 2011-2014  d’intervention québécois sur les gangs de rue». Rappelons que le ministère avait consacré un montant de 17.6 millions de dollars pour la prévention dans son plan 2007-2010. Ce montant avait été réparti comme suit :

  • Soutien à la réalisation des mesures préventives : 6.3 M$
  • Prévention du recrutement de jeunes aux fins d’exploitation sexuelle : 5 M$
  • Surveillance intensive des délinquants : 4.5 M$
  • Aides aux parents  et aux communautés culturelles : 1.8 M$

Les actions de la SPVM 

Pour faire face au développement néfaste du phénomène de gangs de rue, le service de Police de la Ville de Montréal a adopté une approche en quatre axes : Répression, Prévention, Communication et Recherche qui sont déclinés en actions préventives et répressives :

  • Développer des stratégies de prévention;
  • Sensibiliser le personnel à l’importance de recruter des informateurs de qualité;
  • Développer les connaissances du personnel sur les organisations criminelles et sur les gangs de rue;
  • Assurer un partenariat avec les institutions scolaires, les organismes communautaires et les centres de jeunesse;
  • Rencontrer les jeunes dans les écoles et les centres communautaires afin de prévenir l’adhésion des jeunes aux gangs de rue;
  • Accroître la visibilité policière sur les lieux publics et dans les endroits fréquentés par les gangs de rue;
  • Tenir des opérations planifiées sur les différents sites visés par la vidéosurveillance et fréquentés par les gangs de rue;
  • – Poursuivre les recherches en collaboration avec l’université de Montréal sur la dynamique des interrelations et de l’évolution des gangs de rue.

Les gangs de rue, en se développant, menacent la quiétude d’une région réputée être sécuritaire mais ils compromettent également l’avenir d’ne jeunesse fragilisée par les nombreux décrochages scolaires et par la précarité économique. C’est pourquoi, en parallèle aux mesures préventives et répressives indispensables, il faut mener une lutte intensive contre le décrochage scolaire et veiller, via les institutions démocratiques, à réduire les inégalités sociales.

Radouane Bnou-Nouçair (Atlas.Mtl)

 

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