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Festival Marrakech du rire : Rachid Badouri enflamme la scène du Théâtre Royal

  • Une vraie bête de scène qu’est ce jeune humoriste qui a su captiver le public marocain avec ses histoires familiales à la fois délirantes et émouvantes. 
  • Les spectateurs, qui ont assisté à son show au Théâtre Royal de Marrakech, ne sont pas près d’oublier sa prestation.

«Faites du bruit !», lance d’emblée Rachid Badouri aux spectateurs.

20 h 30, devant le Théâtre Royal de la ville ocre. Une longue file attend que les portes s’ouvrent pour envahir la bâtisse. La façade de la grande institution théâtrale brandit fièrement une immense affiche du spectacle du jeune humoriste Rachid Badouri. Le lien est vite fait.
Le spectacle est prévu pour 21 h, mais les spectateurs préfèrent avoir une longueur d’avance en vue d’être sûrs d’avoir une place de choix dans les gradins du théâtre. 21 h passée, la porte s’ouvre, le public s’installe, attend, s’impatiente un petit moment et puis…

Le spectacle commence. Un petit bonhomme, crâne rasé, habits très près du corps, cravate minuscule, arrive comme une fusée sur scène. Les applaudissements fusent. L’accueil est chaleureux. De quoi combler tout artiste désireux d’avoir la reconnaissance du public. Tellement heureux et touché par cette reconnaissance extraordinaire, l’artiste refait son entrée pour bien savourer ce moment délicieux et en redemande encore et encore. «Faites du bruit», lance-t-il aux spectateurs qui ne se font pas prier pour s’exécuter. Belle entrée en matière pour un spectacle qui va durer plus d’une heure et demi et qui va sceller une belle histoire d’amour entre le public marocain et un fils du pays qui revient y jouer pour «un accomplissement familial», comme il nous l’avait confié auparavant.

Dans le spectacle de Badouri, la famille constitue en fait le pivot de toutes les actions qu’il raconte avec, au centre, le personnage incontournable de son père, omniprésent dans la vie du fils aussi bien sur les planches de dans la ville.
Et l’humoriste se lancer dans une épopée dont il est le héros, ou plutôt l’anti-héros. Avec une énergie hors du commun, boostée par la réaction du public, il multiplie les genres artistiques, en passant avec aisance, du stand-up au mime en usant sans
modération de la musique et de la danse. Un show au vrai sens du terme, qui, on l’imagine bien, a nécessité un travail humain et technique colossal.

Personnages assis entre deux chaises

Surfant sur ses racines marocaines et sa culture québécoise, Rachid Badouri compose des personnages assis entre deux chaises. Il y a, d’un côté, ses origines que ne cessent de lui rappeler son père et de l’autre la modernité que lui offre son pays d’accueil. Et c’est avec une virtuosité à toute épreuve que le jeune humoriste jongle avec cette idée de cohabitation qui ne se fait pas toujours sans dégâts.
Face à l’influence de cette culture d’accueil, l’humoriste, raconte son désarroi en égrenant les différentes étapes de sa vie. À commencer par ses premiers jours à l’école où il était perçu comme un oiseau rare venu d’une autre planète, caricature oblige. Viennent ensuite les années où il est influencé, tour à tour, par la grand Michael Jackson, idole qu’il imite dans tous ses faits et gestes, ou encore par le hip-hop, la salsa… Ce qui lui vaut à chaque fois les remarques désobligeantes de son père, gardien du temple de la tradition marocaine et qui tente, par tous les moyens d’éviter la «hchouma» (la honte) à la tribu.

Le tout émaillé par ses injonctions «Faites du bruit» ! qui chauffent le public déjà en extase. C’est que Rachid a vite réussi à se lier d’amitié avec les spectateurs qu’il apostrophe avec un «tu» familier qui est loin de leur déplaire.
Le temps passe, la scène se chauffe de plus en plus, les vannes se multiplient, l’humoriste se surpasse. Toutes les parties de son corps s’investissent dans un spectacle qui respire la fraîcheur et l’énergie. À la fin du show, Rachid s’ouvre à son public, devenu son allié. Il reparle de son père, pour lequel il voue une adoration que dégagent tous les pores de son corps. L’homme est dans la salle.

Le fils lui demande de le joindre sur scène, il adresse la même demande à ses sœurs également présentes. Toute la famille se retrouve sur scène et là, moment de grande émotion avec étreintes et larmes à la clé. Les larmes du bonheur d’un père qui a toujours rêvé de voir son fils sur les scènes de son pays et qui aurait aimé partager cette joie avec la maman de Rachid décédée, il y a tout juste 9 mois.
Le public, ému, offre de ses plus beaux standings ovations à ces deux Marocains qui portent le pays dans leurs cœurs. Quant à Rachid, il était certain que sa maman le regardait de là où elle est. Le théâtre était ouvert sur un beau ciel étoilé.


Un humour bon enfant

Véritable révélation de la scène humoristique québécoise, Rachid Badouri a emporté le public marocain dans son univers incroyablement créatif, le temps d’un spectacle. De l’humainement drôle au drôlement humain, ce Canadien d’origine marocaine plonge ses spectateurs au cœur d’une expérience unique et multidimensionnelle. 
Fin observateur, Rachid Badouri raille les Français pour leur accent lamentable en anglais, les Chinois pour leur langue tellement compliquée qu’il n’arrive pas à savoir où commence la conversation et quand elle prend fin, les Latinos qui dansent tout le temps et dans toutes les situations… Bien entendu, l’autodérision n’est jamais loin.

Publié le : 10 Juin 2012 – Kenza Alaoui (Marrakech), LE MATIN
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