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La mort de Kadhafi reste entourée de zones d’ombre

Capturé vivant jeudi par des combattants libyens près de son fief de Syrte, comme l’attestent plusieurs vidéos prises sur le vif, Mouammar Kadhafi est mort peu après dans des circonstances qui restent encore mystérieuses.

Le Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a réclamé vendredi une enquête sur les zones d’ombre entourant le décès de l’ancien “Guide” libyen.

Des images montrent l’ex-dictateur, blessé mais vivant, traîné ensanglanté vers un véhicule par la foule surexcitée. Il apparaît le visage à moitié couvert de sang, entouré d’hommes qui le bousculent, le tirent par les cheveux. Visiblement sonné, il est giflé, frappé à l’épaule. Il disparaît ensuite de l’écran sur fond de bruits de tirs.

A Syrte, un combattant, Mohamed Lahouaib Chabane, a affirmé à une journaliste de l’AFP avoir assisté en fin de matinée à l’arrestation de Mouammar Kadhafi et lui avoir pris son arme, un revolver en or. Selon lui, l’ancien “Guide” a été retrouvé “en train de ramper dans un tube en béton”.

A la sortie ouest de la ville, des combattants pro-CNT ont montré à un photographe de l’AFP des canalisations en béton passant sous une route, où s’est déroulée l’interpellation.

D’après des sources concordantes, Mouammar Kadhafi était en train de fuir Syrte à bord d’un convoi de véhicules qui a été la cible d’une frappe de l’Otan à environ 08H30 (O6H30 GMT).

Selon le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, l’aviation française a “stoppé” le convoi. Des combattants libyens sont ensuite intervenus, détruisant les véhicules desquels “ils ont sorti le colonel Kadhafi”.

Tôt jeudi matin, des journalistes de l’AFP à une cinquantaine de kilomètres de Syrte avaient entendu une série de grosses explosions provenant de la ville assiégée, bien plus importantes que les bruits émanant chaque jour des combats.

Trente minutes plus tard, à Syrte, d’immenses colonnes de fumée noire s’élevaient dans le ciel à la sortie ouest de la ville, où l’on entendait des échanges de tirs.

Selon Mohamed Leith, un commandant de Misrata basé à l’ouest de Syrte, le dictateur déchu a succombé des suites de blessures infligées pendant son arrestation.

“Kadhafi se trouvait dans une Jeep sur laquelle les rebelles ont ouvert le feu. Il en est sorti et a tenté de fuir. Il s’est réfugié dans un égout. Les rebelles ont ouvert le feu de nouveau et il en est sorti portant une kalachnikov d’une main et un pistolet de l’autre”, explique-t-il.

“Il a regardé à gauche et à droite, demandant +qu’est-ce qui se passe+. Les rebelles ont ouvert le feu de nouveau, le blessant à l’épaule et à la jambe et il a succombé ensuite”.

De son côté, le chef de l’exécutif du CNT, Mahmoud Jibril, assure que l’ex-dictateur a été tué d’une balle dans la tête.

“Quand il a été retrouvé, il était en bonne santé et portait une arme”, mais “quand le véhicule a démarré, il a été pris dans un échange de tirs entre des combattants pro-Kadhafi et des révolutionnaires, et il a été tué d’une balle dans la tête”, affirme-t-il, en assurant qu'”il était vivant jusqu’à son arrivé à l’hôpital” de Misrata.

En fin d’après-midi, la dépouille de Mouammar Kadhafi a été vue par des témoins à bord d’une ambulance, dans un centre commercial de la périphérie de Misrata. Un photographe de l’AFP a constaté plus tard la présence du corps dans une maison de la ville, où il a pris une photo le montrant torse nu, le ventre couvert de sang. Un impact de balle était visible sur la tempe du Guide.

Pour le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, Kadhafi semble bel et bien avoir été abattu. “Nous aurions voulu qu’il vienne répondre de ses crimes devant la justice, devant un tribunal international ou libyen, et nous n’approuvons pas les exécutions extrajudiciaires”, a-t-il indiqué sur la chaîne privée Sky News. “Mais nous n’allons pas le pleurer”.

Par Daphné BENOIT | AFP

Rubriques : Actualités, Justice, Société
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