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Palestine à l’ONU: l’électorat juif pèse dans l’attitude d’Obama

En s’opposant à l’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU, Barack Obama est accusé d’avoir sacrifié ses efforts pour la paix au Proche-Orient à la reconquête du vote des électeurs juifs, à un an d’une présidentielle qui promet d’être très serrée.

Les sondages et l’histoire électorale poussent toutefois à relativiser ces accusations: d’une part, l’électorat juif semble peu enclin à quitter en 2012 le giron des démocrates, pour lesquels il vote traditionnellement; d’autre part, les relations d’un président américain avec Israël ne semblent pas être pour ces électeurs un élément décisif pour déterminer leur vote.

Il n’en reste pas moins que l’équipe de campagne d’Obama redoute de voir le président dilapider une partie de son capital politique –déjà bien érodé– dans la relance d’un processus de paix moribond.

Le vote de l’électorat juif ne pèse que pour 2% du total, mais il peut être décisif dans des Etats comme la Floride ou la Pennsylvanie, déterminants pour la présidentielle.

Les relations d’Obama avec les électeurs juifs ont été à plusieurs reprises scrutées par les observateurs politiques, à la faveur des querelles opposant le locataire de la Maison Blanche au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sur la question de la colonisation notamment.

En septembre 2010, M. Obama avait déjà fait un discours remarqué à la tribune de l’ONU, mais en appelant à l’époque de ses voeux l’adhésion d’un Etat de Palestine dans un délai d’un an. En mai dernier, il avait mécontenté Israël en plaidant pour la négociation d’un Etat de Palestine sur la base des frontières d’avant la guerre de 1967.

Ces positions semblent avoir eu un coût politique pour le président.

Elu avec 78% des voix de l’électorat juif en 2008, Barack Obama ne récolte plus que 54% de bonnes opinions dans cette frange de la population.

Une récente défaite électorale dans un district de New York traditionnellement acquis aux démocrates où les critiques ont plu sur un Obama “méprisant” Israël a regonflé le moral des républicains, qui se prennent à croire à leurs chances auprès de l’électorat juif.

Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, l’éditorialiste conservateur Dan Senor y a vu le signe qu’Obama “perd(ait) l’électorat juif”, à cause de “son bilan diplomatique, le plus constamment défavorable à Israël d’un président américain depuis des générations”.

Mais pour les dirigeants démocrates, cette élection partielle –dans laquelle les électeurs juifs orthodoxes ont joué un rôle prépondérant– n’avait pas valeur de test national, même si leurs adversaires républicains font tout pour surfer sur le mécontentement des électeurs juifs à l’égard d’Obama.

Dans ce contexte, certains commentateurs ont vu dans le récent discours de Barack Obama devant l’ONU, dans lequel il a notamment fait référence au “lien indestructible” entre Israël et les Etats-Unis, des motivations relevant de la politique intérieure américaine, ce dont se défend la Maison Blanche.

“L’idée que le soutien ou les votes des juifs échappent à Barack Obama à cause de sa politique à l’égard d’Israël est simpliste”, relativise Jeremy Ben-Ami, président de J-Street, un groupe de soutien à Israël orienté à gauche.

“Malheureusement, je crois que la manière dont l’administration Obama gère cette question (des relations avec Israël) est polluée par le fait qu’ils pensent avoir un problème” avec l’électorat juif, poursuit-il.

Du reste, à 54%, le pourcentage d’opinions favorables recueilli par Barack Obama dans l’électorat juif est supérieur de 10 points à celui qu’il recueille parmi l’ensemble des électeurs.

AFP

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