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Mourad Djafri, un Maestro Algérien

Mourad Djafri a vu le jour au Clos Salembier, aujourd’hui appelé Hay Essada, quartier historique d’Alger d’ où partirent de grandioses manifestations, qui allaient montrer la détermination d’un peuple à vouloir se libérer du joug du colonialisme.

Mourad s’est mêlé, très jeune, aux artistes anonymes, qui ont chanté les aspirations d’un peuple et ont loué les attraits d’une culture populaire où se côtoient, harmonieusement, la réalité d’un vécu quotidien et la quête d’un avenir prometteur. Ce «Wlid el houma» a trouvé, dans la chanson Chaabi, la voie propice pour exprimer une aptitude et un désir à être un éclaireur, tel une étoile au firmament. Il reconnaît, néanmoins, qu’il lui arrive, souvent, d’avoir le trac de pas pouvoir enchanter le public ; « Eldjoumhour andou ihssass wahed ».

Pour Mourad, chanter c’est s’identifier à une nation en arborant ses choix et valeurs en les entonnant avec grâce et fidélité.

Il a bien voulu nous accorder une entrevue, où il n’a pas tarit d’éloges sur les membres de la communauté maghrébine de Montréal, qu’il a trouvé solidaires et accueillants.

Wahid Megherbi : Cher Mourad, ton apprentissage s’est fait sur le tas ou est ce que tu as fréquenté une école de musique ?

Mourad. Djafri : J’écoutai les anciens comme Elhaj El Anka Allah Yerrhmou, Boudjamaa El Ankiss, Amar Ezzahi, Chaou Abdelkader ; mais celui qui m’a le plus influencé, c’est El Hachemi Guerouabi. Ce sont ses chansons qui m’ont donné le goût d’aimer leChaabi. J’ai commencé à apprendre les normes pour respecter les «Toubouu » et les quatre manières de les jouer, que l’on appelle «fçalattes ».

Quelle est l’origine du Chaabi ?

Avant, le Chaabi s’appelait le Meddih. S’il y a un maitre qui a marqué l’histoire récente du Chaabi, c’est bien Cheikh Nadour ; il fut remplacé par celui qui a donné ses lettres de noblesse à ce style musical, le Grand maitre Feu El Hadj El Anka qui disait : « Cheikh Nadour houa sbab fehmi ». Je peux citer aussi les poètes du Mdih, Ben Sahla, Ben Mcaib, Sidi lakhdar Ben khlouf chez lesquels El Anka s’est inspiré pour y composer ses plus belles Qacidates. Il a transformé Le Mdih en Chaabi que nous connaissons actuellement.
Il nous a appris que l’on ne peut rentrer directement dans les chansonnettes sans respecter certaines normes communément dites Noubas. Chaque Nouba est débutée par un Istikhbar, qui possède quatre manières d’interprétation que sont les Touchias, N’srafettes et les Lemkhilass.

Pour ainsi dire, le Chaabi doit beaucoup à la chanson andalouse dont il emprunte quelques noubas.

Il ya combien de genres dans l’Andaloussi ?

C’est Zeriab qui a mis en place des modes ou genres musicaux que sont les Noubas. Chaque nouba possède ses propres règles. Malheureusement, il n’en reste que sept ou huit connues.

Quelles sont les Noubas connues en Algérie ?

Il y a Noubate Lahssine, Zidane, Raml Elmaya et Mezmoum pour ne citer que celles-là. Héritage et patrimoine.

Je découvre en vous, Mourad, un historien du Chaabi ; que représente pour vous le Chaabi de point de vue historique ?

Je ne peux te conter que le centième de l’histoire du connaissons actuellement. Il nous a appris que l’on ne peut rentrer directement dans les chansonnettes sans respecter certaines normes communément dites Noubas. Chaque Nouba est débutée par un Istikhbar, qui possède quatre manières d’interprétation que sont les Touchias, N’srafettes et les Lemkhilass. Pour ainsi dire, le Chaabi doit beaucoup à la chanson andalouse dont il emprunte quelques noubas.

Il ya combien de genres dans l’Andaloussi ?

C’est Zeriab qui a mis en place des modes ou genres musicaux que sont les Noubas. Chaque nouba possède ses propres règles. Malheureusement, il n’en reste que sept ou huit connues.

Quelles sont les Noubas connues en Algérie ?

Il y a Noubate Lahssine, Zidane, Raml Elmaya et Mezmoum pour ne citer que celles-là. Héritage et patrimoine.

Je découvre en vous, Mourad, un historien du Chaabi ; que représente pour vous le Chaabi de point de vue historique ?

Je ne peux te conter que le centième de l’histoire du Chaabi ; il y a des personnes qui sont bien plus au fait que moi de cet héritage de valeur. Mon ami Djamel Lahlou s’y connaît pas mal, tu pourrais le questionner là-dessus. Cet art est immensément vaste, j’essaye d’en apprendre tous les jours en côtoyant les connaisseurs et admirateurs de ce patrimoine musical.

Comment as-tu pu t’imposer dans un univers où la compétition est rude ? C’est quoi ta particularité ?

Tu n’as pas eu l’occasion de rencontrer les milliers de talents qui ont choisi de jouer du Chaabi ; ils le font par passion. Beaucoup d’ entre eux sont de véritables virtuoses ; il suffira de leur apporter plus d’attention et de soutien. Pour ce qui me concerne, j’aime me faire comprendre par tous les algériens de tous les horizons et de toutes les régions. Les étrangers sont sensibles à la mélodie des chansons que je compose bien qu’ils n’en comprennent pas toujours les paroles.

Pensez-vous qu’il y a une relève qui pourra un jour sauvegarder ce précieux héritage ?

La majorité des chanteurs du Chaabi ont appris de leurs maitres respectifs. Il y a une relève générationnelle qui est en train de prendre forme. Exceller dans le Chaabi est un don qui a, souvent, besoin d’un apprentissage plus accentué pour arriver à un raffinement sans pareil, qui a fait la réputation de cet art bien de chez- nous.

Votre chanteur occidental préféré ?

Jacques Brel sans hésiter une seconde sans oublier Edith Piaf qui nous a légué des chansons devenues des classiques.

Que pensez-vous de Fairouz ?

Une véritable Diva.

Ouarda ?

Une personne qui a porté, haut, la voix de l’Algérie.

Un chanteur du monde arabe ?

El Hachemi Guerouabi.

Un autre ?

El Hadj El Anka Allah Yerrahmou.

Votre couleur préférée ?

Je t’en donnerai deux, le Rouge et le Noir, les couleurs de l’USMA d ‘ Alger.

Votre phrase préférée?

« Ya Rabbi Nattalbek Sahhali, bech nkoum byemma ou kaouti, yek baba khellahoumli had el wajeb lazemli».

Avez- vous un message à adresser à la communauté maghrébine au Canada ?

J’aimerai saluer tout le monde, particulièrement les gens de Montréal que je trouve très accueillants et forts attentionnés. Je suis disposé à vous aider dans la mesure du possible. Je salue l’implication des membres de la communauté maghrébine qui représente pour nous un phare de fierté.

 

Par Wahid Megherbi 

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