0

Après Champlain, Mercier et Turcot Ville-Marie donne des signes de faiblesse…

Les pièces de béton qui se sont effondrées sur la chaussée de l’autoroute Ville-Marie le 1er août dernier n’ont fait aucun blessé, mais l’incident ravive l’inquiétude touchant la sécurité des infrastructures à Montréal. 
Vers 9h10 une poutre s’est affaissée sur la 720-Est à la hauteur de la sortie Saint-Laurent, entraînant dans sa chute les paralumes qu’elle soutenait, ces pièces de béton quadrillées qui servent à atténuer la lumière. Le pire a été évité: aucune voiture ne circulait sous le pont d’étagement Hôtel-de-Ville au moment où les quatre voies ont reçu la charge.

En moyenne, 100 000 automobilistes empruntent l’autoroute Ville-Marie les jours de semaine.
Des travailleurs de la construction qui s’affairaient à la réfection des murs de cette section de l’autoroute ont alerté la Sûreté du Québec (SQ) après l’affaissement. Rapidement, Montréalais et touristes, ébahis, ont pu constater les dégâts, puisque la portion de l’autoroute Ville-Marie juste avant le lieu de l’effondrement est à ciel ouvert, à deux pas du Vieux-Montréal. 
Certains ont avancé l’hypothèse que les vibrations des travaux ont pu causer la chute des paralumes. «Il est trop tôt pour avancer cette hypothèse-là, c’est pour ça qu’on a des ingénieurs en structure sur les lieux en ce moment», a répondu la porte-parole du ministère des Transports du Québec (MTQ), Caroline Larose. Trois experts ont été spécialement mandatés par le ministère pour aider la SQ à cerner les causes de l’incident.

Inspecté en 2008 et 2010…

Cette partie de l’autoroute a été inspectée par le MTQ de façon approfondie en 2008 et une inspection visuelle a été réalisée l’an dernier.

L’incident sur l’autoroute Ville-Marie survient alors que des failles ont été détectées sur plusieurs grands axes routiers de la région montréalaise. Le pont Champlain a grand besoin d’être remplacé et le pont Mercier subit d’importants travaux de réfection, tout comme une bretelle de l’échangeur Turcot, où sont effectués des travaux d’urgence avant le début de la construction du nouvel échangeur, l’an prochain. 
Le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad, s’est rendu en fin de journée sur le site de l’incident pour constater les dégâts. Le ministre tenait à rassurer la population. «Toutes les routes qui sont ouvertes sont sécuritaires [selon les critères du] ministère des Transports. Il n’y a aucun compromis avec la sécurité au Québec. […] On fait des inspections régulières de toutes les infrastructures et ces inspections nous permettent d’effectuer des travaux rapidement.» 
C’est d’ailleurs l’inspection de 2010 qui a mené au lancement de travaux de réfection des murs de cette section de l’autoroute Ville-Marie il y a quelques semaines. Si les gouvernements ont sous-financé les infrastructures depuis une vingtaine d’années, Québec met désormais les bouchées doubles, estime Sam Hamad.

Gérald Tremblay «ne panique pas»…

Les oppositions à Montréal et à Québec ne sont pas d’accord. Oui, «on paie le prix du sous-investissement depuis 30-40 ans, déplore aussi le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, mais on continue toujours à développer de nouvelles infrastructures plutôt que d’entretenir celles qu’on a. L’entretien, ce n’est pas sexy». 
Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de transport et député de Gouin, Nicolas Girard, souhaite que les rapports d’inspection de 2008 et 2010 sur l’autoroute Ville-Marie soient rendus publics. «On croyait que le gouvernement avait tiré des leçons à la suite du rapport de la commission Johnson, après l’effondrement du viaduc de la Concorde [en 2007]. Dans ce cas-ci, les circonstances ne sont pas les mêmes, mais des questions se posent.» En premier lieu, est-ce que les ressources sont suffisantes au ministère pour inspecter les routes, les ponts, les tunnels? demande-t-il.

Le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais, qui siège par ailleurs à la Commission sur l’environnement, le transport et les infrastructures, donne sa pleine confiance aux inspections des ingénieurs du ministère. Cet élu de Vision Montréal dénonce toutefois une «culture du silence». «Le MTQ n’est pas toujours transparent», dit M. Dorais, qui s’est toujours vivement opposé au dernier plan de l’échangeur Turcot du ministère. «Je ne crois pas qu’il mette la vie de quiconque en danger, mais il faut toujours leur soutirer les informations.» 
Rappelons que ces derniers mois, Transports Québec n’a pas donné tout le détail des raisons de la fermeture d’une bretelle de l’échangeur Turcot où deux voies ont été fermées pour réfection. De plus, le ministre Sam Hamad a dernièrement accepté qu’Ottawa ne rende pas public un rapport sur l’état du pont Champlain.
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, s’est fait pour sa part rassurant. «On est en mode solution», a indiqué le maire, à proximité des lieux de l’effondrement. Selon lui, la Ville fait déjà tout ce qui est en son pouvoir pour la sécurité des automobilistes et continuera à le faire. «Ça fait depuis 10 ans qu’on investit des sommes dans nos infrastructures. Je sais que les incidents s’additionnent de plus en plus. On va continuer à faire les représentations nécessaires» auprès de Québec et d’Ottawa. Il n’y a pas lieu de «paniquer».

Source : Presse canadienne

Rubriques : Actualités, Société
© 2002 - 2017 Atlas Media. Tous droits réservés.
Propulsé par Noordev Technologies inc