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A voté!…

Le vendredi 1er juillet 2011, treize millions de Marocains du Maroc et environ un million de leurs concitoyens résidents à l’étranger étaient appelés aux urnes pour se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution pour le Royaume.

Selon les résultats préliminaires rendus publics le vendredi même, plus de 72 % d’entre eux ont participé au scrutin. En gros, neuf millions de fois, les responsables de bureaux de vote auront prononcé la phrase rituelle «A voté !».

Ce taux de participation revêt de multiples significations qu’il est assurément utile d’expliciter.

Tout d’abord, il convient de signaler que le nombre des votants représente 45 % de la population âgée de 18 ans et plus et près de 30 % de la population légale du pays. Il est également à remarquer que le taux de participation est deux fois supérieur à celui enregistré au cours de la dernière consultation législative organisée au Maroc. Que peuvent bien nous dire ces chiffres?

Essentiellement que par leur abstention massive aux élections de l’ancien parlement, les Marocains manifestaient, clairement un besoin de changement institutionnel auquel le projet de nouvelle Loi Fondamentale répond suffisamment pour déclencher un grand afflux vers les isoloirs.

Ces chiffres démontrent également que même dans la population adulte, généralement plutôt sceptique et défiante à l’encontre de la politique, l’amour du pays et le souci de son devenir peuvent faire bouger une personne sur deux.

Il est vrai aussi que le contenu du projet constitutionnel avait de quoi satisfaire tous ceux, et ils sont nombreux, qui savent qu’une société avance bien plus sûrement par des micro ruptures dont l’accumulation engendre les grands progrès que par des explosions qui ne peuvent générer que la violence et l’instabilité. Depuis le 2 juillet 2011 à zéro heures en effet, les marocains sont devenus des citoyens, ayant des droits et des devoirs, détenant une part de pouvoir qui ne s’arrête pas au droit de vote mais permet, sous le couvert d’une société civile constitutionnalisée et sous l’empire de valeurs universelles reconnues s’imposant à tous, de s’ériger en contre-pouvoir et d’exercer sa part de souveraineté et de décision.

Bien sûr, au Maroc, tout le monde n’est pas convaincu. Il existe une minorité, infime mais composite, qui refuse de s’accommoder de ces réalités obnubilée qu’elle est par son obsession d’un modèle de «présidence théocratique» ou de république déguisée en monarchie parlementaire. Vouant aux gémonies quiconque ne partage pas ses idées, cette minorité  pratique une fuite en avant faite d’imprécations et, consciente de son impuissance, rêve de substituer la loi de la rue à la loi des urnes et de la majorité, sans même se rendre compte que la libre expression dont elle bénéficie émane de ce modèle qu’elle récuse et ne pourrait sans doute pas exister dans le modèle qu’elle préconise.

Hors ces petits frémissements, grossis pour d’obscurs motifs par certains médias, on est, force est de l’admettre à des années lumières des cas syrien, yéménite ou libyens; une très grosse avance est enregistrée par rapport aux situations tunisienne et égyptienne; on est en une phrase, dans une exception, l’exception marocaine, une démocratie en construction certes et perfectible sans aucun doute, mais dont les fondations sont là déjà.

Reste aux marocains; ceux qui ont voté oui et ceux qui ont voté non; à rendre tout ce processus pérenne et cela  en assumant leur citoyenneté et en exerçant leurs droits à l’aune de l’accomplissement de leurs obligations.

PS : On a voté aussi ici. À Montréal, Ottawa et Toronto. Malgré les limites géographiques, près de 2500 personnes ont participé à la consultation. Cela représente un peu plus du double du nombre d’originaires du Maroc  (entre 1200 et 1300 personnes) qui selon les partis politiques québécois et fédéraux ont voté lors des dernières échéances provinciales et canadiennes. Ici aussi, les partisans de l’abstention et du refus ont fait campagne. Avec autant de hargne, mais moins de pugnacité sans doute que leurs camarades au Maroc…

Abdelghani Dades

Edito 159 du 7 juillet 2011

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