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Le soccer marocain passe au professionnalisme cet été. Mais de quel professionnalisme parle-t-on ?

Plusieurs fois annoncé, le passage du Maroc au professionnalisme a l’air de se préciser ; il est même programmé pour la saison prochaine, conformément à un projet de loi adopté par le Parlement marocain. Chargé de conduire ce changement, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Moncef Belkhayat, a précisé lundi sa façon de voir les choses “Nous allons passer à un mode de gestion professionnel dès la saison prochaine. Réaliste, le ministre reste conscient des difficultés d’une telle transition. “L’Etat ne versera aucun centime à ces clubs, car ils vont se transformer en sociétés par actions (SPA), et devront trouver eux mêmes les ressources de financement. Je sais que ça sera difficile de passer de l’amateurisme au professionnalisme, …”

I- Un choix imposé par la FIFA 

Rappelons tout d’abord que le passage au professionnalisme est une exigence de la FIFA et non un luxe que se permet la FRMF. En effet, si le championnat marocain ne passe pas au professionnalisme il sera classé comme étant amateur. Ce qui aura, au moins deux grosses conséquences.

La première, c’est que nos clubs ne seraient plus habilités à participer aux compétitions continentales avec tous les effets pécuniaires négatifs qui l’accompagneront.

La seconde serait que les joueurs seraient libres de partir à l’étranger quand ils le souhaitent indépendamment de l’existence de contrats.

II- Le respect du cahier de charges 

Une des premières mesures prises par le ministère des sports, c’est d’imposer un cahier de charges aux clubs sollicitant d’évoluer avec l’élite.

La commission chargée d’évaluer les clubs en mesure de répondre aux conditions requises par le cahier des charges exigé par la Fédération a rendu son verdict et, comme on pouvait s’y attendre, tous les clubs de première division ont été homologués.

Quand on regarde de près les conditions du cahier des charges (cf. la fin de cet article), Il est quasi évident que, mis à part, les grands clubs du pays, la plupart des autres ont peiné pour répondre aux exigences de ce passage vers le professionnalisme (comme ce volet financier qui prévoit l’accessibilité à 9 millions de dirhams !).

III- Un professionnalisme de façade pour gagner du temps ! 

Il est évident que la commission d’évaluation s’est montrée plus que clémente avec certains clubs qui, en plus, ont bénéficié du soutien de certains sponsors locaux, convaincus parfois par amitié ou sympathie ou encore poussés par les autorités et autres élus locaux.

Car on ne voit pas comment certains clubs évoluant dans de petites villes sans véritables gros moyens pourraient disposer de 16 joueurs pro (cela va surement faire sourire les propriétaires de petites PME qui connaissent l’impact de la masse salariale sur les résultats financiers), engager 7 équipes de jeunes (où sont les formateurs ? les terrains d’entraînement ?… ou encore d’une équipe féminine, … On croit rêver !

Ce projet, qui n’a de professionnalisme que le nom, est un moyen astucieux de gagner du temps.

IV- L’inévitable préalable : l’assainissement 

Un projet aussi grand que la mise en place du professionnalisme dans le football national qui s’est forgé avec le temps un solide statut d’amateur ne peut être entamé sans la mise en place de préalables inévitables :

– Le premier, c’est d’éloigner par des mesures dissuasives tous ces opportunistes qui rodent autour du football et qui en ont fait une sorte de vache à lait (le scandale de la billetterie du match Maroc-Algérie est encore présent dans les mémoires); mettre en place les règlements nécessaires et veiller à leurs applications strictes et rigoureuses;

– Le second consiste à entretenir une mentalité de pro en luttant contre toute forme d’amateurisme ; mettre en place une direction technique compétente et stable qui planifie la formation, le recrutement et les transferts de joueurs, toutes catégories confondues ;

– La pérennisation des ressources financières (recettes de sponsoring mutualisés par la FRMF, soutien financier des collectivités locales, assainir la billetterie, gérer les transferts dans la transparence, suivi rigoureux des dépenses, etc.)

V- Les conditions du cahier de charges 

Les principaux critères :

Critères techniques 

– 26 joueurs séniors au plus dont au moins 16 joueurs professionnels de nationalité marocaine, au plus 4 joueurs professionnels étrangers et au plus 5 joueurs recrutés à titre de prêt.

– Engager 7 équipes de jeunes dans les compétitions organisées par la FRMF ou les ligues régionales (moins de 21/20, 19, 18, 17, 16, 15 et 14 ans).

– Disposer d’une école de football réservée aux 6-12 ans.

– Disposer d’une équipe féminine séniors ainsi que d’une équipe féminine de moins de 19 ans.

Critères infrastructurels

– Le club doit disposer d’un stade de 60.000 places assises au moins pour les clubs.

– Pour les matches en nocturne, le stade doit être équipé d’installations d’éclairage conformes aux normes fixées par la FRMF et/ou la CAF.

– Les installations d’entrainement doivent disposer au minimum d’un terrain d’entrainement gazonné (en gazon naturel ou artificiel agréé par la FIFA) réservé à l’équipe première et d’un terrain d’entrainement gazonné (en gazon naturel ou artificiel agréé par la FIFA) réservé aux équipes et compétitions de jeunes.

Critères administratifs 

– Le club doit disposer de locaux à usage de bureaux équipés des infrastructures techniques indispensables et d’un responsable administratif.

– Le club doit avoir nommé un entraineur en chef de l’équipe première, un entraineur responsable de l’équipe de jeunes joueurs, un responsable de la sécurité et un staff médical.

– La comptabilité du club doit être régulièrement tenue sur la base du plan comptable dont le modèle annexé au cahier de charges par une personne qui peut être soit membre de l’administration du club, soit prestataire du club dans le cadre d’un contrat écrit.

Critères juridiques

– Le club doit cacheter et signer une déclaration standard juridiquement valide confirmant qu’il s’engage à respecter le calendrier des compétitions établi par la FRMF, à participer en cas de participation à une compétition internationale officielle aux rencontres aux dates fixées par la FRMF qui peut avancer ou décaler de trois jours leur match de championnat national par rapport à leur match international et qu’il reconnait que la date du match internationale de tout club engagé en compétition régionale, continentale ou arabe est fixée par la Ligue Nationale de Football Professionnel (LNFP) ou à défaut par la FRMF conformément aux dates proposées par la CAF, l’UNAF ou l’UAF.

Critères financiers 

– Le club, quelle que soit sa nature juridique, devra établir au plus tard le 31 octobre de chaque année ses états financiers annuels comptant au bilan compte de résultat et des notes annexes audités par des commissaires aux comptes indépendants conformément à la législation et au plan comptable en vigueur.

– Le club candidat devra apporter la preuve au 30 juin précédant son éventuelle intégration au championnat de la LNFP qu’il dispose hors subventions et redistribution des droits TV effectuées par la FRMF (ou la LNFP le cas échéant) des ressources financières nécessaires à la gestion de tout club appartenant à la division du championnat professionnel que le club candidat entend intégrer. Ce montant est annuellement fixé par la FRMF et/ou la LNFP:.

Pour les clubs de LNFP 1, un minimum de 9 millions de dirhams Pour les clubs de LNFP 2, un minimum de 3 millions de dirhams.

Par Radouane Bnou-nouçair 

Rubriques : À la Une, Sports
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